Le blog du congrès ITS de Bordeaux a prévu d’interroger régulièrement un certain nombre de personnalités de premier plan, en lien avec l’événement. Nous entamons cette série avec le chef de file de la filière des transports intelligents en France, le Délégué Général de l’ATEC ITS France.
Est ce une chance pour la France d’accueillir à nouveau un congrès mondial des ITS ?
La France accueille ce congrès mondial pour la seconde fois depuis sa création en 1994. Ce n’est d’ailleurs que la huitième fois qu’il se tient en Europe. Chaque édition confirme l’intérêt croissant de l’ensemble des donneurs d’ordre, opérateurs de services, et industriels pour les ITS. C’est effectivement une chance unique pour la France. Au-delà d’attirer plus de 10000 personnes et plusieurs milliers d’acteurs publics et privés (plus de 100 pays représentés, plusieurs centaines de sessions scientifiques et techniques), les yeux du monde entier seront braqués sur Bordeaux et la France, opportunité unique pour nos territoires de présenter leurs réalisations et pour nos industriels de mettre en avant leurs savoir-faire.
Les transports intelligents peuvent-ils aider à réduire l’empreinte carbone et aider ainsi Paris à assurer le succès de la conférence sur le climat qui suivra en décembre ?
Le congrès de Bordeaux sera une étape importante sur le chemin de la conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre. En effet, environ 30 % des émissions de GES (gaz à effet de serre) dans tous les pays du monde ont le transport comme origine. Les green ITS, sont une des solutions à notre disposition pour maîtriser cette composante « transport » du changement climatique. Ces solutions sont disponibles, peu coûteuses par rapport à d’autres options (par exemple le développement de nouvelles infrastructures de transport) et faciles à déployer : pourquoi nous en priver ? Les faire connaître, en vue d’accélérer leur déploiement, c’est un des challenges de notre congrès bordelais.
Bordeaux va donc être une vitrine du savoir-faire français en octobre prochain. Sentez-vous une mobilisation des acteurs français autour de cet événement ?
La mobilisation française, peut-être un peu lente jusqu’à l’an dernier, est croissante, et elle est totale à quelques mois de l’échéance. Aujourd’hui tous les acteurs publics et privés travaillant de près ou de loin dans le domaine des transports et de la mobilité ont fait savoir qu’ils seraient présents. Nos ministres, en charge de l’Environnement, du Transport, et du Commerce extérieur en particulier, sont pleinement mobilisés pour faire du Congrès de Bordeaux un succès. Plusieurs événements associeront des représentants de haut niveau de nombreux pays européens et du reste du monde pour débattre des sujets les plus critiques de la mobilité intelligente et de son apport à la maîtrise du changement climatique. Derrière nos leaders politiques, les patrons des plus grandes entreprises françaises, champions sur leurs marchés, seront également présents.
Pendant longtemps, ce type de congrès a surtout eu une portée scientifique. Qu’en est-il des retombées économiques et des perspectives pour les acteurs de la filière ?
Depuis quelques années, le congrès est clairement perçu, au-delà de son attractivité scientifique et technique, reconnue dès sa création, comme un lieu d’échanges commerciaux. De nombreux donneurs d’ordre étrangers viendront s’informer sur les dernières avancées technologiques. Ils seront disponibles pour des démonstrations du savoir-faire français, et de nombreuses visites techniques sont d’ailleurs organisées à Bordeaux et en région Aquitaine. La capacité à innover de la France est reconnue dans le monde entier. Nos services du Commerce Extérieur, ainsi que Business France et tous les autres agents promoteurs du savoir-faire français à l’étranger, ont parfaitement compris l’intérêt de ce congrès et se le sont appropriés.
Le monde des ITS doit-il redouter ou au contraire se réjouir de voir des géants comme Apple, Google et autres acteurs de la Silicon Valley s’intéresser à la mobilité intelligente ?
C’est d’abord un fait : les GAFA* comme on les appelle, investissent le monde de la mobilité. D’abord par les « apps », permettant d’accéder à des services sur mesure sur smartphone, maintenant avec des tentatives dans le véhicule connecté et le véhicule autonome. Nous devons donc intégrer leurs logiques, leurs services (car les usagers le font déjà), et travailler sur les générations futures de systèmes et de services. C’est une vraie chance sur le futur. Cela n’empêche par ailleurs de travailler en parallèle sur des dispositifs protégeant la vie privée, les règles de la concurrence et d’accès au marché…
*Google, Apple, Facebook, Amazon.