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Jean-Hubert Wilbrod (Neavia Technologies) :  « Notre savoir-faire est reconnu dans le dialogue entre la voiture et la route »

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Le blog du Congrès ITS de Bordeaux poursuit ses entretiens, à quelques mois de cet événement phare. Nous avons rencontré le PDG de Neavia Technologies, qui expose et participe également aux démonstrations sur la voiture connectée et autonome.

Le congrès ITS de Bordeaux, qui a lieu en octobre, va-t-il constituer pour vous une vitrine?

Oui, bien sûr. Nous y serons présents, en tant que membre du pôle Mov’éo et du groupement ITS Infra. Ce sera l’occasion de montrer nos produits, qui seront utilisés pour les démos. A Bordeaux, nous travaillons notamment avec l’institut VEDECOM pour une démo de véhicule connecté et autonome. Nous sommes également associés avec le CEREMA (centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) sur le projet Compass4D qui vise à faire dialoguer des feux équipés avec les véhicules pour les alerter du passage au vert ou au rouge.

D’où vient votre expérience des ITS ?

Depuis sa création en 2003, la société a développé des outils pour remonter des  données et des images, avec des capteurs à faible consommation d’énergie. Nous avons profité des projets liés aux ITS (systèmes de transport intelligent) en Bretagne pour travailler avec le département des Côtes d’Armor, où nous avons installé un système de détection de contre-sens, ainsi que des capteurs pour détecter les animaux en bord de route. Ce savoir-faire a permis d’élargir à la détection d’événements routiers, avec des outils intégrant des fonctions de communication radio.

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Et c’est ce qui a vous a permis de collaborer avec le secteur automobile ?

Oui, Neavia a noué des partenariats, avec Renault notamment vers 2010, afin de développer des systèmes coopératifs routiers, afin que les véhicules échangent des infos entre eux et avec l’infrastructure aussi. Ce sont des technologies dérivées du Wi-Fi, adaptées pour la communication avec les véhicules. Nous utilisons des protocoles spéciaux et pas les mêmes bandes de fréquence.

C’était l’époque du projet SCORE@F. Qu’est-ce que cela vous a permis d’apprendre ?

Nous avons en effet participé à ce projet, qui s’est échelonné entre 2010 et 2013 et qui associait plusieurs partenaires, dont PSA Peugeot Citroën, l’IFSTTAR et d’autres encore. Ce travail nous a permis de développer de nouvelles technologies, avec des unités de bord de route. Notre offre a évolué, avec des modules de matériels et des protocoles de Car2X. Dès lors, il était possible de faire dialoguer des voitures, des véhicules de chantier et des unités de bord de route avec les logiciels d’exploitation qui vont avec. L’expérience acquise nous a permis de répondre à des appels d’offres de la suite logique de ce programme, qui est le projet SCOOP@F en France, mais aussi en Allemagne, qui a projet similaire de corridor, associant les Pays-Bas et l’Autriche.

Quelle est votre expérience à l’international ?

Notre savoir-faire est reconnu, car on a fait partie du projet européen Drive C2x, piloté par Daimler. Au sein de ce projet, où figuraient aussi Audi, BMW (qui s’est retiré après) et Volvo, on a utilisé du matériel communicant français. En fait, on est assez peu d’acteurs dans ce domaine, avec quelques concurrents aux Pays-Bas, en Allemagne et en Autriche, et les seuls en France. Neavia a une compétence complète dans le matériel et le logiciel. C’est ce qui nous permet d’avoir une offre intégrée et optimisée. Et nous continuons d’investir dans la recherche, où notre bureau de R&D près de Saint-Brieuc embauche des ingénieurs.

Quelle évolution apporte selon vous l’arrivée de la voiture connectée ?

C’est une approche par le service. Aujourd’hui, il y a un grand nombre d’objets qui s’enrichissent par des technos collaboratives. Je pense à toutes les fonctions liées à l’automatisation, l’horizon électronique, la combinaison avec les ADAS. En associant les capteurs du véhicule avec des moyens de détection à moyenne portée, grâce à la fusion de données, on arrive à des solutions pertinentes et intéressantes.

 

SCOOP@F : une vitrine de la voiture connectée à la française

 

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Le ministère de l’Ecologie procède actuellement au lancement du projet SCOOP@F. Il s’agit de la suite logique d’un autre programme dédié à l’expérimentation de ce qu’on appelle le Car2X (communication entre les véhicules et avec l’infrastructure), et qui avait pour nom SCOR@F. Il est bien plus ambitieux, car le budget global est d’environ 20 millions d’euros et va permettre d’équiper 3 000 véhicules sur près de 2 000 km de routes.

Ces véhicules connectés de nouvelle génération seront présentés en avant-première par PSA Peugeot Citroën* en octobre prochain, lors du congrès mondial sur les ITS. Il se trouve que Bordeaux et sa rocade font partie des 5 sites retenus au niveau national, tout comme l’Île-de-France, la Bretagne, l’autoroute A4, ainsi que des routes départementales en Isère.

SCOOP@F est un projet qui associe les constructeurs automobiles PSA et Renault, de nombreux gestionnaires routiers, des universités et des centres de recherche. De nouveaux partenaires devraient rejoindre le projet en 2016, parmi lesquels Orange et des partenaires étrangers pour permettre des tests croisés avec les projets similaires dans d’autres pays européens (par exemple le projet Corridor entre Rotterdam, Francfort et Vienne).

Le projet sera mené en deux vagues.

La première, qui a démarré en 2014 et se poursuit jusqu’en 2017, se concentre sur les services essentiels à la sécurité routière (alerte chantiers, signalisation embarquée, collecte de données), avec des communications basées sur la technologie Wi-Fi G5.

La seconde (sur la période 2016-2018) explorera de nouveaux services (information sur le trafic, information multimodale) et des communications hybrides Wi-Fi G5 / cellulaire.

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Concrètement, les véhicules communiqueront à l’infrastructure et aux autres véhicules équipés des informations sur les obstacles rencontrés, leur position, ou encore leur vitesse. C’est utile pour le conducteur, qui recevra via une tablette installée sur le tableau de bord les différentes alertes.

En retour, les données émises par les voitures et captées par les bornes seront retransmises aux gestionnaires routiers qui pourront s’en servir pour connaître l’état du trafic et intervenir plus efficacement sur les incidents qu’avec des moyens classiques (boucles de comptage, caméras). Ce type de système permet aussi d’améliorer la sécurité des agents intervenant sur les routes. En cas d’intervention ou de chantier, une alerte sera donnée à tous les véhicules équipés pour signaler leur présence.

 

*Avec deux cas de figure concrets sur la rocade de Bordeaux : la présence signalée d’un piéton aux autres usagers alentours et une zone de chantier temporaire. Les démos se feront en coopération avec la DirAtlantique. PSA va déployer 110 véhicules en 2016 dans le cadre de ce projet.

Gestion du trafic : une expertise reconnue en France

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Le Congrès Mondial sur les ITS de Bordeaux sera l’occasion pour les visiteurs de mesurer le savoir-faire des opérateurs français. Un savoir-faire reconnu, qu’il s’agisse de la gestion du trafic en Ile-de-France avec Sytadin, à Bordeaux avec Gertrude, Lyon avec Coraly, ou tout simplement sur l’ensemble du réseau national, où les routes françaises à fort trafic sont équipées de capteurs qui mesurent en temps réel le nombre des véhicules, leur vitesse et leur répartition par type. Ces données permettent de calculer des temps de parcours et de faire des prévisions sur les niveaux de trafic.

Les mesures de gestion dynamiques du trafic ont pour but d’optimiser l’usage des capacités disponibles :
– régulation des accès : on limite l’accès à la voie rapide afin de conserver la fluidité

– régulation dynamique des vitesses : on abaisse la vitesse limite pendant les périodes très chargées pour garantir l’écoulement

– affectation dynamique de certaines voies à certaines heures en fonction du trafic : circulation sur la bande d’arrêt d’urgence des autobus, inversion du sens de circulation pendant les pointes du matin et du soir, interdiction temporaire de dépassement pour les poids lourds, voies réservées au covoiturage.

La France a également déployé des CIGT (Centres d’ingénierie et de gestion du trafic). C’est  une structure opérationnelle chargée d’élaborer et de mettre en œuvre la stratégie d’exploitation de la route sur une zone géographique ou sur un réseau spécifique.

Les missions d’un CIGT sont de :

– coordonner les interventions des équipes de sécurité sur le terrain, gérer le trafic routier,

– informer les usagers sur les évènements en cours ou prévisibles,

– échanger des informations en temps réel avec l’ensemble de ses partenaires (CRICR*, forces de l’ordre, autres exploitants…).

Le futur se dessine déjà avec le projet SCOOP, qui consiste à faire dialoguer les véhicules avec l’infrastructure. Quelque 3 000 véhicules connectés vont ainsi évoluer à partir de cette année sur près de 2 000 km de routes. Dans le cadre de ce projet, qui associe différents gestionnaires (Etat, sociétés d’autoroutes, départements, communautés urbaines), les partenaires testeront les réseaux téléphoniques 3G-4G et les systèmes coopératifs de type G5**.

Une démo sera visible pendant le congrès ITS de Bordeaux.

 

*Les Centres Régionaux d’Information et de Coordination Routières ont été créés en 1972. On en dénombre 7 en France à Metz, Lyon, Bordeaux, Lille, Marseille, Rennes et Créteil.

**Norme définie par l’ETSI et de type Wi-Fi 802.11p