Sur ce blog, nous avons déjà évoqué Gertrude, un système inventé dans les années 1970 afin de résoudre les problèmes d’embouteillages de la capitale girondine. Ce système de régulation des feux et carrefours s’est exporté dans une douzaine de villes, en France comme à l’Etranger. C’est un bel exemple de savoir-faire hexagonal.
Néanmoins, Gertrude souffre d’un défaut. « Le système dispose de capteurs pour analyser le déplacement des véhicules et actionner en fonction les feux tricolores, mais il ne sait pas prendre en compte les voies de bus, le tramway et les nouveaux modes de déplacement que sont le vélo en libre-service, le covoiturage et l’autopartage », indique Aadel Benyoussef, Directeur Général d’Excelerate Systems France, une société spécialisée dans les services informatiques. Il faut donc un autre système de supervision, qui sait gérer la multimodalité ».
Ce système est en cours d’élaboration, dans le cadre d’un projet qui a pour nom Greenline. Il s’articule autour de plusieurs partenaires dont Cietech, le Centre aquitain des technologies informatiques et électroniques, Citelum, Excelerate Systems, I2S, mais aussi Gertrude et son premier responsable R&D, Franck Fournier.
L’idée est de faire un Super Gertrude, en utilisant ce qu’on appelle la BigData.
« Il s’agit d’une plateforme de transport multimodale, décrit Aadel Benouyssef. L’idée est de s’appuyer en complément de Gertrude sur des données, provenant de multiples sources comme les autoroutes, les parkings, mais aussi les opérateurs télécoms et les données open data que mettent à disposition des collectivités – comme Bordeaux Métropole qui est l’une des pionnières dans ce domaine – ou des compagnies de transport comme Keolis et la SNCF. Ajoutez à cela les applications communautaires du type BlablaCar, Uber et Citiz, ainsi que d’autres données publiques, et vous obtenez un système capable de prévoir la congestion et de faire des recommandations ».
Et le DG d’Excelerate Systems de souligner : « ce que nous voulons, c’est replacer l’humain et ses besoins au cœur du système. Greenline pourrait remonter des informations lors d’un parcours, et proposer aux usagers d’opter pour un autre itinéraire ou un autre moyen de locomotion, quand cela est nécessaire. Si nous pouvons accéder aux réseaux sociaux des individus, il est également possible de tenir compte de leur profil, sportif ou handicapé, pour proposer une solution sur mesure qui peut être le vélo ou le tramway. Le carnet de voyage se base sur l’analyse des sentiments, que l’on détermine à l’aide de puissants logiciels », conclut Aadel Benyoussef.
La plateforme, qui sera en partie opérationnelle au moment du Congrès ITS de Bordeaux, fera l’objet d’une démonstration sous la forme d’un planificateur d’itinéraire.
Bordeaux Métropole, qui a pour ambition de répondre en 2016 à un appel d’offres européen Smart Cities and Communities, pourrait d’ailleurs l’utiliser comme une brique pour la gestion du transport. L’outil pourrait pour sa part s’exporter vers des villes de toutes tailles, afin de résoudre les problèmes de congestion tout en proposant des services innovants.
D’ores et déjà, une version est en cours de développement pour l’extra urbain. Sous le nom de code Smartline, elle cible cette fois les déplacements depuis la lointaine banlieue et concerne plus les régions. Le projet s’inscrit dans le cadre Horizon 2020, avec le concours d’acteurs, internationaux. A ce jour, 2 villes ont fait part de leur souhait de se porter candidates pour l’expérimentation : Bordeaux et Riga (Lettonie).