Le blog du Congrès ITS de Bordeaux a rencontré le Vice-Président en charge de l’automobile chez HERE, Ogi Redzic. Le leader mondial de la cartographie numérique évoque le rachat de l’entreprise par les constructeurs allemands, le défi des cartes pour les voitures autonomes et la concurrence avec les acteurs de la Silicon Valley.
Qu’est ce que cela change d’avoir aujourd’hui pour actionnaires Audi, BMW et Daimler ?
En vérité, pas grand chose. Notre business au quotidien reste le même. Nous continuons à servir le marché et à fournir les autres constructeurs, comme cela a été toujours le cas depuis 20 ans. Et je ne pense pas qu’il y aura de changements à terme. Et nous allons continuer aussi à alimenter en cartes d’autres marchés que l’automobile, comme l’électronique grand public par exemple, ou encore les entreprises.
C’est donc le business comme avant ?
Oui, et nous resterons ouverts à toute forme de coopération. Les clients auront toujours accès aux équipes et à un même niveau.
Ce rachat était-il quand même pour les constructeurs allemands un moyen de sécuriser l’avenir par rapport à un fournisseur qui délivre des cartes de qualité ?
Vous devriez leur poser la question. Je ne sais pas si on peut parler d’une forme de reconnaissance, mais nous avons fait beaucoup ces 5 dernières années en termes d’investissement et de développement pour fournir aux constructeurs des cartes répondant aux besoins de leurs voitures connectées. Depuis 2 ans, nous communiquons sur les cartes HD pour la conduite automatisée. Je pense que nous avons les ingrédients pour accompagner l’industrie automobile dans cette évolution, qui est une de leurs priorités. Nous avons investi beaucoup d’argent dans ce domaine et je crois que nous avons fait honnêtement beaucoup de progrès. HERE fait des cartes dont la précision est au centimètre près. Nous sommes aussi en mesure de faire de la prédiction pour aider les conducteurs à anticiper sur des dangers. C’est un travail qui a une certaine valeur.
On peut voir ici sur le congrès plusieurs démos de voitures autonomes. Vous fournissez justement des cartes pour faire des tests dans les zones où des autorisations ont été accordées ?
Nous avons en effet réalisé des cartes HD pour des sites où il est légalement possible de faire des expérimentations. Plusieurs clients utilisent nos cartes pour ces tests. Et à terme, nous allons faire des cartes HD à plus grandes échelle sur les axes principaux, en Europe de l’Ouest, comme en Amérique du Nord et dans quelques pays clés en Asie. Ce sera le cas prochainement, mais nous ne pouvons pas le faire trop tôt, car les véhicules ne seront lancés que vers 2018 ou 2019. Ce n’est donc pas la peine de fournir trop de détails dès cette année. Grâce à nos véhicules, qui testent les nouvelles fonctionnalités, nous serons en mesure de répondre à la demande quand ce sera le moment.
Beaucoup de gens font référence à Google quand ils parlent de véhicule autonome. Pensez-vous qu’ils viendront vous concurrencer dans les cartes ?
Vous savez, nous sommes toujours ravis d’avoir de nouveaux concurrents. Je suis franchement reconnaissant à Google d’avoir fait autant en faveur de la voiture autonome, ce qui a forcé les constructeurs automobiles à faire des progrès dans ce domaine. C’est un sujet très important. Mais, je n’ai pas peur de Google. C’est un partenaire avec qui nous avons des bons rapports, mais qui n’a pas un monopole sur ce thème. Nous pensons que les constructeurs automobiles seront ceux qui apporteront cette fonction aux conducteurs et nous voulons participer à ce défi. HERE est un partenaire reconnu, qui veut aider l’écosystème à évoluer.
Peut-être un mot sur la voiture connectée, car c’est une réalité avec aujourd’hui des services dans le cloud et des mises à jour en ligne ?
Absolument. La connectivité rend aujourd’hui toutes ces choses possibles. Pendant ces 20 dernières années, vous avez bien vu que les mises à jour de cartes étaient compliquées, car les clients devaient changer leur disque ou utiliser une clé USB. Aujourd’hui, il suffit de se connecter au cloud pour avoir les dernières cartes. On peut aussi bénéficier d’informations en temps réel sur le trafic, les places de parking disponibles. Dans le futur, c’est le logiciel de bord que l’on pourra aussi mettre à jour et on pourra ainsi gérer des flottes, ce qui permettra aux exploitants d’être plus efficaces et d’économiser de l’argent.