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Entretiens avec des acteurs clés du transport intelligent ou impliqués dans l’organisation du Congrès ITS de Bordeaux.

Florence Ghiron (Topos Aquitaine) : « La filière ITS a gagné en maturité avec ce Congrès »

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Présidente du Comité Bordelais d’organisation du 22ème Congrès Mondial sur les ITS et Présidente du cluster Topos Aquitaine, Florence Ghiron revient pour le blog sur cet événement qui a marqué l’histoire.

Quel a été votre vécu de ce Congrès 2015 ?

C’est d’abord une très belle aventure humaine. Il y a eu des groupes de travail et un vrai collectif pour faire de ce congrès un succès. Nous sommes arrivés, je crois, à un beau résultat. Les ITS sont désormais mieux reconnus et ont une visibilité auprès du grand public. On peut aussi parler d’une plus grande maturité de ce secteur, avec une filière mieux représentée, consciente des enjeux sur les marchés. On est sorti d’un monde qui se limitait à des ingénieurs. D’ailleurs, il y a eu des contacts commerciaux au niveau de l’expo. Nous sommes arrivés à faire travailler ensemble des filières différentes, que ce soit dans le numérique, les travaux public et le spatial. Par exemple, sur le village « Space for ITS », les acteurs qui exposaient ont pu échanger avec des PME.

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Et qu’en ont pensé les partenaires locaux ?

Nous n’avons pas encore vraiment fait le debriefing, mais ils sont contents. En raison des importantes retombées dans les médias, il y a eu un rayonnement qui a bénéficié à l’ensemble du territoire, mettant en avant les atouts de la filière ITS. Ce qui est important également, c’est que nous avons des villes-pilotes qui sont autant de territoires d’expérimentation, prêtes à accueillir l’innovation.

Comment va se mettre en place le Living Lab sur les ITS ?

Il va réunir plusieurs acteurs autour d’un plan d’action. Nous avons de l’ambition, mais nous ne voulons pas aller trop vite. D’ici la fin de l’année, le Living Lab va se doter d’une road map, avec une vision à deux ans, et annoncer de premiers projets. L’objectif est ensuite de grossir avec le temps.

Que vous ont dit les dirigeants d’ERTICO ?

Ils sont satisfaits, en raison du record de fréquentation que nous avons battu. Je crois qu’ils peuvent dire merci au dynamisme de la filière ITS en France.

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Quels sont les moments de ce Congrès qui vous ont le plus marqué ?

Je retiens une intervention de la Caisse des Dépôts, qui a évoqué les changements de paradigme, ainsi que les enjeux liés aux ITS, sur fond de partenariats et de big data. Leur message était qu’il fallait écouter les jeunes, qui sont des visionnaires. Bien sûr, les démos ont participé au succès de l’événement, notamment celles de véhicules autonomes – et en particulier celui de VEDECOM – qui ont beaucoup plu et impressionné. Celles sur la connectivité ont eu aussi beaucoup de succès, comme celle de Continental qui a bénéficié d’un bouche-à-oreille très positif, ou celle de NXP qui a reçu le plus grand nombre de visiteurs. La démo de Cohda Wireless a été également appréciée.

Comment voyez-vous la suite ?

Il y a encore beaucoup de travail. Chez Topos Aquitaine, nous travaillons à un rapprochement avec Digital Aquitaine, autour de la mobilité, du commerce connecté et de la logistique. L’objectif est évidemment de donner à la région une certaine visibilité. Et puis, il y a aussi la COP21 qui se profile à Paris en fin d’année. Avec ITS France, nous irons présenter le Manifeste rédigé à Bordeaux à l’issue de la table ronde ministérielle, qui reconnaît le rôle que peuvent jouer les transports intelligents pour réduire les émissions de CO2.

Colonel Franck Marescal : « la Gendarmerie s’intéresse aux transports intelligents »

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Le blog du Congrès ITS de Bordeaux a rencontré l’officier qui, au sein de la Gendarmerie, dirige le tout nouvel Observatoire Central des Systèmes de Transports Intelligents. Le colonel Franck Marescal a rencontré bon nombre d’experts à l’occasion du congrès, notamment pour évoquer les risques de piratage informatique.

La Gendarmerie a donc mis en place un Observatoire sur les ITS. C’est tout nouveau ?

Oui, l’Observatoire a été créé en juin 2015. Il est né d’une réflexion du conseiller scientifique du Directeur de la Gendarmerie, qui a bien identifié les enjeux liés au véhicule connecté, par extension au véhicule autonome, et plus globalement par rapport aux transports intelligents et aux objets connectés. Il a été décidé de créer cet observatoire afin de répondre à un double objectif : réfléchir aux vulnérabilités qui existent dans tous ces systèmes et profiter de ces nouvelles technologies pour développer de nouveaux modes d’action.

La cyber-attaque des véhicules, c’est un risque réel ?

On en a entendu parler cet été aux Etats-Unis. Quand on lit les publications scientifiques, on voit que dans les labos de recherche on sait faire beaucoup de choses dans ce domaine. Donc, c’est un vrai risque, qui est pris en compte en général par les constructeurs, les équipementiers et par les start-ups. La Gendarmerie, qui joue un rôle de prévention, est aussi là pour indiquer que certaines menaces existent et pour alerter les acteurs. Il y a tout un tas d’unités qui sont spécialisées dans l’analyse des ordinateurs et la surveillance d’Internet. On voudrait éviter de développer ces mêmes compétences pour les véhicules.

Avez-vous rencontré sur le congrès des interlocuteurs permettant de nourrir vos réflexions ?

Ce que je recherche, globalement, c’est de bien connaître les acteurs. Et ici, on peut rencontrer des spécialistes qui viennent parfois de très loin. J’ai par exemple discuté avec un japonais qui m’a montré quelque chose qui n’existe encore nulle part ailleurs. Le Congrès me permet de compléter mon réseau, afin de connaître les développeurs dans les grandes entreprises et les labos de recherche. Cela va aider la Gendarmerie à développer en interne de nouveaux outils et de nouveaux moyens pour améliorer la sécurité routière ou la sécurité en général.

Est-ce que le public a des raisons de s’inquiéter ?

Globalement, la menace est sans doute un peu sous-estimée. On sait ce que représente une cyber-menace sur un ordinateur. C’est un domaine sur lequel des milliers de personnes travaillent en France. Et pourtant, le risque est toujours présent. Lors des dernières assises sur la cyber-sécurité, les experts ont indiqué que les hackers étaient de plus en plus forts et de plus en plus professionnels. Ces cyber-criminels échangent de plus en plus entre eux pour trouver des angles d’attaque. Donc, si on applique ce raisonnement au véhicule, on voit qu’il y a un vrai danger. On a encore du mal à l’estimer, mais il est nécessaire que les acteurs discutent tous ensemble de façon à trouver des solutions globales. C’est ce que j’entends ici dans les allées du Congrès et dans les présentations. Le rôle de l’Observatoire mis en place par la Gendarmerie est d’identifier tous ces acteurs et de les accompagner dans la prévention des risques, dans un premier temps sur le véhicule connecté.

Antoine Mullender (VEDECOM) : les tests de véhicule autonome vont se poursuivre à Versailles

Vedecom A Mullender - Photothéque CASQY JJ Kraemer

Le blog du Congrès ITS a rencontré Antoine Mullender, le Directeur Général de l’Institut VEDECOM. Il nous parle de la grande première que constitue à la fois la présence de cet ITE au congrès, mais aussi de sa toute première voiture autonome.

Un mot d’abord de votre véhicule autonome. Il a été conçu en un temps record…

C’est en effet le résultat d’un travail acharné. Il a été développé en à peine 9 mois. Une équipe d’une quinzaine de personnes a été affectée sur ce démonstrateur.

(Voir les photos du véhicule et la vidéo de la démo).

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Et en dehors de ce véhicule, que présentez-vous ici à Bordeaux ?

En fait, nous assurons le monitoring en temps réel de l’ensemble des démonstrations du Congrès sur les ITS, avec une plateforme dédiée. Nous présentons aussi ce qu’on appelle le micro-grid, avec un véhicule électrique alimentant le réseau électrique, et nous avons aussi un démonstrateur dans le cadre du projet OPTICITES avec une application qui délivre de l’information multimodale à bord d’un véhicule.

Quel message cherche à faire passer VEDECOM sur le congrès ?

C’est un institut qui travaille sur le pré-compétitif. On n’a pas de concurrent réellement. Nous développons des briques technologiques. Le message que nous voulons faire passer c’est notre polyvalence, un certain dynamisme. Ce que nous présentons ici à Bordeaux, avec le véhicule autonome sur route ouverte, nous allons le reproduire d’ici un mois à Versailles*. Par la suite, VEDECOM sera présent dans le cadre de la conférence COP21 sur le climat. On est ancré dans les Yvelines, où se situe notre siège, mais nous sommes opérationnels également dans le reste de la France.

Y aura-il après votre premier prototype autonome sur base de Renault Zoé d’autres réalisations ?

Oui, nous allons travailler sur la base d’un C4 Picasso pour un nouveau prototype qui sera présenté l’année prochaine.

 

*Le parcours, long de 2 km environ, va placer la voiture à conduite automatisée dans des conditions urbaines réelles, avec l’accord des autorités compétentes. La démo est prévue à partir du 6 novembre.

Ogi Redzic (HERE) : nous préparons les cartes HD pour la voiture autonome

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Le blog du Congrès ITS de Bordeaux a rencontré le Vice-Président en charge de l’automobile chez HERE, Ogi Redzic. Le leader mondial de la cartographie numérique évoque le rachat de l’entreprise par les constructeurs allemands, le défi des cartes pour les voitures autonomes et la concurrence avec les acteurs de la Silicon Valley.

Qu’est ce que cela change d’avoir aujourd’hui pour actionnaires Audi, BMW et Daimler ?

En vérité, pas grand chose. Notre business au quotidien reste le même. Nous continuons à servir le marché et à fournir les autres constructeurs, comme cela a été toujours le cas depuis 20 ans. Et je ne pense pas qu’il y aura de changements à terme. Et nous allons continuer aussi à alimenter en cartes d’autres marchés que l’automobile, comme l’électronique grand public par exemple, ou encore les entreprises.

C’est donc le business comme avant ?

Oui, et nous resterons ouverts à toute forme de coopération. Les clients auront toujours accès aux équipes et à un même niveau.

Ce rachat était-il quand même pour les constructeurs allemands un moyen de sécuriser l’avenir par rapport à un fournisseur qui délivre des cartes de qualité ?

Vous devriez leur poser la question. Je ne sais pas si on peut parler d’une forme de reconnaissance, mais nous avons fait beaucoup ces 5 dernières années en termes d’investissement et de développement pour fournir aux constructeurs des cartes répondant aux besoins de leurs voitures connectées. Depuis 2 ans, nous communiquons sur les cartes HD pour la conduite automatisée. Je pense que nous avons les ingrédients pour accompagner l’industrie automobile dans cette évolution, qui est une de leurs priorités. Nous avons investi beaucoup d’argent dans ce domaine et je crois que nous avons fait honnêtement beaucoup de progrès. HERE fait des cartes dont la précision est au centimètre près. Nous sommes aussi en mesure de faire de la prédiction pour aider les conducteurs à anticiper sur des dangers. C’est un travail qui a une certaine valeur.

On peut voir ici sur le congrès plusieurs démos de voitures autonomes. Vous fournissez justement des cartes pour faire des tests dans les zones où des autorisations ont été accordées ?

Nous avons en effet réalisé des cartes HD pour des sites où il est légalement possible de faire des expérimentations. Plusieurs clients utilisent nos cartes pour ces tests. Et à terme, nous allons faire des cartes HD à plus grandes échelle sur les axes principaux, en Europe de l’Ouest, comme en Amérique du Nord et dans quelques pays clés en Asie. Ce sera le cas prochainement, mais nous ne pouvons pas le faire trop tôt, car les véhicules ne seront lancés que vers 2018 ou 2019. Ce n’est donc pas la peine de fournir trop de détails dès cette année. Grâce à nos véhicules, qui testent les nouvelles fonctionnalités, nous serons en mesure de répondre à la demande quand ce sera le moment.

Beaucoup de gens font référence à Google quand ils parlent de véhicule autonome. Pensez-vous qu’ils viendront vous concurrencer dans les cartes ?

Vous savez, nous sommes toujours ravis d’avoir de nouveaux concurrents. Je suis franchement reconnaissant à Google d’avoir fait autant en faveur de la voiture autonome, ce qui a forcé les constructeurs automobiles à faire des progrès dans ce domaine. C’est un sujet très important. Mais, je n’ai pas peur de Google. C’est un partenaire avec qui nous avons des bons rapports, mais qui n’a pas un monopole sur ce thème. Nous pensons que les constructeurs automobiles seront ceux qui apporteront cette fonction aux conducteurs et nous voulons participer à ce défi. HERE est un partenaire reconnu, qui veut aider l’écosystème à évoluer.

Peut-être un mot sur la voiture connectée, car c’est une réalité avec aujourd’hui des services dans le cloud et des mises à jour en ligne ?

Absolument. La connectivité rend aujourd’hui toutes ces choses possibles. Pendant ces 20 dernières années, vous avez bien vu que les mises à jour de cartes étaient compliquées, car les clients devaient changer leur disque ou utiliser une clé USB. Aujourd’hui, il suffit de se connecter au cloud pour avoir les dernières cartes. On peut aussi bénéficier d’informations en temps réel sur le trafic, les places de parking disponibles. Dans le futur, c’est le logiciel de bord que l’on pourra aussi mettre à jour et on pourra ainsi gérer des flottes, ce qui permettra aux exploitants d’être plus efficaces et d’économiser de l’argent.

 

Jean-François Sencerin (Renault) : tous les cas de figure du véhicule autonome sont couverts à ITS Bordeaux

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Le blog du congrès ITS a pu rencontrer chez Renault le représentant de Carlos Ghosn au sein du programme véhicule autonome (élaboré du temps de la Nouvelle France Industrielle, et replacé par Emmanuel Macron au sein d’une thématique « Mobilité Ecologique »). Jean-François Sencerin évoque la démo de voiturier automatique de la marque au losange et celle des autres intervenants participant à ce programme de recherche.

Peut-on vraiment voir le véhicule autonome sous toutes ces formes à ITS Bordeaux ?

Les démonstrations que l’on peut voir au congrès représentent les premiers cas d’usage du plan Nouvelle France Industrielle sur le véhicule autonome que pilote Renault, à savoir la gestion d’embouteillages et le véhicule sur autoroute avec Valeo, l’évolution en environnement périurbain avec VEDECOM et des navettes autonomes qui sont présentées par Navya et Easymile. Renault présente pour sa part un service de voiturier automatique.

Parfois, les journalistes ont un peu de mal à croire que les industriels français soient bien placés dans la course. Que leur répondez-vous ? 

Ce que j’espère, c’est que les démonstrations qui sont faites en grandeur nature vont les convaincre que la France est particulièrement bien placée et investit pour que le véhicule autonome soit une réalité.

Et c’est parti pour les expérimentation sur route ouverte ?

C’était l’engagement du plan de la NFI. Depuis juillet de cette année, les premières expérimentations sur route ouverte ont débuté. Elles se poursuivent pendant toute la semaine dans le cadre du Congrès ITS de Bordeaux.

Alain Vidalies : « Le secteur des ITS a connu une accélération phénoménale »

 

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A l’issue de sa visite à l’expo du congrès ITS de Bordeaux, nous avons pu interroger le Secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies. Présent dès ce matin, il a pu découvrir les démos et les produits ou services mis en avant par les exposants. Il s’en explique.

Que retenez-vous de ce première journée du congrès ITS ?

On sait que c’est un rendez-vous important, qui ne se déroule pas si souvent en France et je crois qu’on mesure bien ce qu’est la réalité d’un secteur qui est train de connaître une accélération phénoménale. C’est à dire qu’on est passé il y a quelques années d’une idée, un concept, à une expérimentation. Aujourd’hui, on est dans la phase pré-industrielle. On voit bien toutes les utilisations. Je pense que le mot révolution n’est pas interdit. On est dans un domaine où les conséquences seront probablement aussi importantes que l’apparition du téléphone portable.

Le véhicule connecté et autonome est très à la mode. C’est une évolution que soutiennent les pouvoirs publics ?

Bien sûr, ils la supportent car il y a des applications qui s’attachent à la gestion par les infrastructures. C’est ce que nous faisons à titre d’expérimentation. Dans la phase pré-industrielle, il y aura forcément une phase de réglementation. Et cette réglementation n’est pas que nationale.  Elle est européenne et internationale. Il faut de ce point de vue là que les  responsables des politiques publiques accompagnent ces technologies émergentes.

Voir le compte-rendu de la visite d’Alain Vidalies sur le site du Ministère de l’Ecologie.

Chistophe Sapet (Navya) : le marché potentiel de la navette autonome est très important

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Le blog du Congrès ITS de Bordeaux a rencontré à Paris le PDG de Navya, Christophe Sapet, à l’issue de la présentation de l’Arma. C’est une toute nouvelle navette autonome que la société basée à Lyon va mettre en service lors du congrès, et pour des démonstrations sur route ouverte.

Vous avez développé un modèle très différent de ce que l’on connaissait jusqu’à présent chez Navya…

Oui, c’est le fruit d’un travail acharné qui a duré un an. Le véhicule va pouvoir transporter des passagers pour la toute première fois, lors du Congrès ITS de Bordeaux.

Comment pourrait-on qualifier ce véhicule ?

On s’est inspiré des codes de l’automobile et de ceux du transport urbain, mais on a voulu aussi innover. Le fait qu’il n’y ait pas de poste de contrôle a permis d’adopter un look un peu différent. Le véhicule est par exemple symétrique : il peut aller aussi bien dans un sens que dans l’autre. Il ouvre donc de nouvelles possibilités. C’est un véhicule dont les lignes sont fluides et à l’intérieur duquel règne une clarté phénoménale. L’objectif était de diminuer la zone d’appréhension par rapport à l’usager qui doit le trouver accueillant et avoir envie de monter à bord.

Ce véhicule va-t-il rouler sur site fermé ou sur route ouverte ?

Dans le cadre de l’expérimentation du congrès ITS Bordeaux, il va circuler sur route ouverte. C’est d’ailleurs l’un des seuls à avoir ce type d’autorisation. Nous espérons que les visiteurs du congrès apprécieront les capacités du véhicule et trouveront la démonstration bluffante.

Aujourd’hui, quelles sont les ambitions de Navya ?

Il existe deux sociétés françaises qui font ce type de navette autonome. Nous, on considère que le marché potentiel est très important. On le chiffre à environ 10 000 véhicules de ce type en Europe. Les premières réponses que l’on a du marché sont extrêmement favorables. Nous avons rencontré beaucoup d’opérateurs de transport, de représentants de municipalités et de sites industriels : tous ces acteurs nous ont fait part de leur préoccupation de pouvoir transporter des gens dans des conditions plus attractives, en termes de coût d’exploitation mais aussi de sécurité. Par ailleurs, le fait que la navette soit électrique permet aussi de réduire la pollution.

Bruno Bonnell, le fondateur d’Infogrames, a investi dans ce projet. On sait qu’il s’intéresse notamment à la robotique. Que pense-t-il du véhicule ?

Bruno Bonnell a créé le fonds d’investissement Robolution Capital qui est le principal actionnaire de Navya et qui a financé le développement de ce projet. Je pense qu’il porte un regard intéressé. Ce type de véhicule préfigure ce que l’on verra rouler demain.

Hermann Meyer (ERTICO) : « Ce congrès sera le plus grand que nous ayons jamais eu »

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Le blog consacré au 22ème Congrès Mondial sur les ITS poursuit ses entretiens. Nous donnons aujourd’hui la parole au CEO d’ERTICO, Hermann Meyer. Il s’agit de l’organisateur de ce type d’événement dédié à la mobilité intelligente.

Estimez-vous que l’Europe arrive à un tournant en matière de déploiement des ITS ?

Oui, certainement. Nous voyons aujourd’hui des premières phases de déploiement dans les ITS coopératifs. Dans le futur, les véhicules communiqueront entre eux et avec l’infrastructure. La mobilité sera ainsi plus sûre, plus efficiente et plus respectueuse de l’environnement.  L’autre tournant, c’est en matière de services liés à la mobilité. Il y aura une meilleure coopération entre les différents modes de transport. Les ITS vont jouer un rôle majeur pour apporter les données dont ont besoin les usagers et leur faciliter le choix.

Quand le tout premier Congrès Mondial sur les ITS a démarré en 1994, c’était un petit événement mais avec déjà une audience mondiale. Peut-on dire aujourd’hui que c’est le plus important dans son domaine ?

Nous pensons que ce sera le plus grand congrès que nous ayons jamais eu dans les ITS. On attend plus de 10 000 visiteurs, ainsi que plus de 300 exposants avec une surface d’exposition supérieure à ce que nous avons eu dans le passé. Par ailleurs, ce congrès va marquer une étape majeure dans ce qu’on appelle la « co-modality » : une meilleure coopération entre les modes de transport. C’est une spécificité de l’Europe, qui a de l’avance par rapport au reste du monde. On pourra le voir aussi à travers ce qui est proposé dans la ville qui accueille le congrès.

Aujourd’hui, il est plus facile de bénéficier de services grâce aux applications sur smartphone. Que pensez-vous de la concurrence de géants comme Apple et Google ? 

Je pense que leur apport sera très productif. Ces acteurs sont pour le moment en dehors du secteur du transport, mais leur technologie va apporter de l’information et de la communication. Le transport et le monde de la communication vont s’enrichir mutuellement. C’est à la fois excitant et très positif. Je vois l’arrivée de ces acteurs comme une opportunité de coopération.

Pendant des années, on a parlé de standards et réalisé des expérimentations. Est-il temps de faire de ces ITS une réalité au quotidien ? 

Le défi ne vient pas de la technologie. Grâce à la standardisation, nous avons pu justement mieux harmoniser et gagner en maturité. La prochaine étape sera de trouver le bon modèle économique pour le déploiement de ces systèmes. Justement, le Congrès de Bordeaux sera l’occasion de mettre en relation les décideurs et les acteurs pour en discuter ensemble et proposer des services de mobilité intelligente.

 

Carlos Tavares (PSA Peugeot Citroën) : « le véhicule autonome va faire énormément progresser la sécurité routière »

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Le blog du Congrès mondial sur les Transports Intelligents a rencontré le Président du groupe PSA à l’occasion du salon de Francfort. Carlos Tavares nous donne sa vision du véhicule connecté et autonome et nous livre au passage un scoop.

PSA a fait parler de lui cet été avec une C4 Picasso autonome. La bonne nouvelle, c’est que ce véhicule sera exposé au congrès sur votre stand. Et le véhicule va même faire le voyage par la route depuis la région parisienne jusqu’à Bordeaux ?

Cela prouve bien que le véhicule existe. Nos techniciens ont eu à coeur de démontrer que, pendant la reconstruction économique du groupe, nous avons préservé l’essentiel, à savoir la capacité de créer de nouvelles technologies et d’innover. Nous avons toujours protégé cette activité et c’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons maintenant dans le peloton de tête des entreprises qui développent des véhicules autonomes. Nous allons en apporter la démonstration en venant à Bordeaux par la route* avec un véhicule de ce type.

Vous l’avez d’ailleurs testé vous-même en région parisienne…

Oui, je l’ai essayé autour de Vélizy (lieu du centre de recherche de PSA, dans les Yvelines) et c’était très convaincant. Je sentais qu’il y avait autour de moi un peu de nervosité, mais j’ai trouvé l’essai très sûr et très serein. Nous sommes dans une très bonne tendance en matière de développement et de maturité de la technologie, que nous allons introduire au plus tard en 2020. Nous espérons d’ailleurs que, d’ici là, le contexte réglementaire dans lequel nous évoluons se sera adapté. Pour ce qui est des tests, nous avons été les premiers à recevoir une autorisation sur route ouverte avec ce prototype là.

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Vous êtes un pilote confirmé. Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant pour vous de laisser le volant à une machine ?

Pas du tout. je fais du sport automobile depuis maintenant 35 ans, et je n’en suis jamais sorti, mais il y a une énorme différence entre la qualité de vie à bord d’un véhicule – et en particulier la qualité du temps dont je dispose – par rapport au plaisir que j’éprouve à piloter la machine sur une piste fermée en concurrence avec d’autres pilotes. Ce sont deux expériences différentes. Je pense que le véhicule autonome va nous apporter fondamentalement deux choses au niveau de l’être humain. La première, c’est la sécurité. Compte tenu des développements et de la sophistication qui est derrière, son propre pilotage nous apportera des comportements prévisibles et reproductibles, sans les erreurs de l’humain. La sécurité routière va énormément progresser par le biais de la prise en charge par la machine des situations délicates, en appliquant des protocoles de prudence inscrits dans le véhicule autonome. On va gagner aussi sur un deuxième volet au quotidien qui est celui de rendre à l’utilisateur du véhicule du temps de grande qualité. J’ai le privilège d’être souvent conduit et de travailler dans ma voiture deux heures par jour, une heure à l’aller et une heure au retour. Cela me permet de me concentrer et de prendre connaissance des messages, mais aussi de pouvoir dialoguer avec quelqu’un au téléphone dans de bonnes conditions. On peut imaginer que l’on puisse rendre au client tout ce temps de grande qualité, avec des gains en qualité de vie dans le domaine professionnel ou dans le cercle familial. Si on cumule les deux avantages que sont plus de sécurité et plus de temps de grande qualité, on peut imaginer que la voiture autonome connaîtra un grand succès.

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Le corollaire de la voiture autonome, c’est la voiture connectée : une voiture qui dialogue avec les autres ainsi qu’avec l’infrastructure. Et c’est ce que vous allez présenter également à Bordeaux ?

C’est très important, parce que les consommateurs aujourd’hui nous envoient un message simple et clair. Ils veulent une continuité de la connexion entre leur maison, leur bureau et le véhicule, via le smartphone. Nous sommes en situation de leur offrir cette capacité. Dès aujourd’hui, à l’occasion du salon de Francfort, les véhicules de la gamme DS sont connectés, avec des protocoles qui rendent la communication possible à bord avec des smartphones Android et avec l’iPhone. PSA, qui n’a jamais baissé la garde en matière d’investissement en R&D, fait dans ce domaine également partie du peloton de tête, comme pour les essais de la voiture autonome. Nous sommes heureux de participer à ce congrès pour partager notre vision et notre expérience.

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Un point d’actualité, si vous le voulez bien : en France, on aborde la sécurité routière en évoquant la vitesse et une réponse qui passe par plus de radars, alors qu’on voit bien, ici à Francfort, que toutes les marques généralisent les aides à la conduite. N’est-ce pas la technologie qui pourrait demain sauver des vies ?

Oui, je suis tout à fait d’accord. je trouve que nous avons un problème de diagnostic. Quand on regarde le travail qui a été fait par les acteurs depuis maintenant plusieurs décennies, on constate qu’un effort important a été fait en matière d’infrastructures, il y a des progrès absolument colossaux qui ont été faits par les constructeurs automobiles, dans le domaine de la sécurité passive mais aussi de la sécurité active. On en arrive maintenant à un niveau qui nécessite que l’on se pose des questions, qui vont au-delà de simplement continuer à faire un peu plus la même chose. Nous avons deux dimensions, celle de l’être humain qui n’est pas parfait et qui peut être traitée par le véhicule autonome, et une autre qui relève du comportement tant que ces véhicules ne sont pas là. En ce qui concerne le comportement, je pense qu’on ne fait pas le bon diagnostic du plaisir qu’il y a de se comporter de manière civile et respectueuse de la vie des autres lorsqu’on est au volant. A titre personnel, quand je suis sur les pistes pour faire une course, je sais qu’il y a des règles à respecter. Et quand je suis sur la route, je sais qu’il y a des règles à respecter aussi et je suis apaisé par rapport à cela. Je crois qu’aujourd’hui, si on veut continuer à progresser en sécurité routière, on ne peut pas faire l’économie d’un questionnement au-delà de la simple répression. Qu’est-ce qu’on peut faire pour séduire les utilisateurs de ce magnifique objet de liberté de mouvement qu’est l’automobile et les inciter à se comporter de manière civile, pour justement protéger la liberté que nous avons de nous déplacer d’un point A à un point B ?

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Ici, à Francfort, vous avez été invité à intervenir dans le cadre d’un forum, le New Mobility World, aux côtés de Chris Urmson, qui dirige le programme de véhicules sans chauffeur chez Google. Qu’avez-vous envie de lui dire ?

C’est d’abord une approche intéressante et qui bouscule les idées reçues. Elle met tout de suite l’enjeu sur le véhicule sans conducteur, ce qui est sans doute un raccourci un peu rapide, parce que pour arriver à ce niveau là il faut quand même développer toutes les technologies qui permettent d’assurer au consommateur une sécurité maximale. Donc, atteindre ce niveau là implique de passer d’abord par des paliers et une consolidation de la technologie. Ce n’est sans doute pas l’avis de mon interlocuteur. Il y a une autre dimension dont tous les journalistes me parlent : est-ce que vous, chez PSA, vous avez peur de Google ?

Et vous avez peur ?

Ce que je leur dis, c’est simple. Ces entreprises qui ont connu un grand succès sont dirigées par des gens qui réfléchissent et qui ont un sens des affaires. La question que l’on peut se poser, c’est pourquoi des gens qui ont un sens des affaires aussi abouti viendraient dans une industrie où l’investissement en capital est énormissime, le retour sur investissement très faible et le risque d’échec très important ? Pourquoi est-ce que des gens particulièrement aiguisés au sens des affaires prendraient un tel risque ? Ils ne vont pas prendre ce risque là, car ce ne sont pas des experts du monde automobile. Ils ne vont pas mettre un capital énorme pour une rentabilité faible et un risque de mauvaise exécution très important. Donc, j’en arrive à la conclusion qu’il est préférable qu’ils établissent des partenariats avec des constructeurs automobiles. Nous, chez PSA, on est habitué à établir des partenariats dans de multiples domaines et on est ouvert à avoir une discussion avec eux, comme avec d’autres d’ailleurs. Mais, nous voulons un partenariat gagnant-gagnant, qui respecte notre capacité à rester connecté avec le client final mais qui va aussi se nourrir des expériences que ces entreprises ont su créer. On voit ça plutôt comme une opportunité de partenariat intelligent, et pas comme une menace.

 

*Des blogueurs participeront au voyage et feront vivre en live cet événement.

Guillaume Devauchelle (Valeo) : « C’est une grande chance que ce congrès sur les ITS ait lieu en France »

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Le blog dédié au 22ème Congrès Mondial sur les ITS poursuit sa série d’entretiens avec le Directeur de l’Innovation au sein du groupe Valeo, qui est par ailleurs le Président de l’institut VEDECOM.

Bordeaux va prochainement accueillir le Congrès Mondial sur les ITS. En quoi est-ce un événement incontournable ?

C’est une grande chance que ce congrès ait lieu en France, à un moment charnière pour le véhicule autonome. Plusieurs milliers d’experts seront présents. Cet événement sera l’occasion pour l’institut VEDECOM d’éprouver son baptême du feu. Il va en effet révéler son tout premier véhicule autonome. Ce sera une grande première en France, même si d’autres ont déjà fait rouler sur route ouverte des véhicules autonomes, comme par exemple l’Université de Parme, qui fait par ailleurs partie du conseil scientifique de VEDECOM.

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Quel a été le choix technique ?

Avec plein de capteurs, c’est facile de faire une voiture autonome, mais c’est cher. Le choix de VEDECOM a été de prendre un véhicule électrique de série et d’intégrer des capteurs plus plausibles. Cela préfigure davantage la voiture de Monsieur tout le monde. C’est un exemple de recherche plus applicative.

Voir les photos du prototype VEDECOM

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Valeo fera-t-il le spectacle comme cela a été le cas en début d’année au Consumer Electronics Show ?

La voiture que Valeo présentera au Congrès ITS de Bordeaux sera encore mieux qu’à Las Vegas. Elle va intégrer des évolutions et sera plus mûre techniquement. Ce sera aussi une autre démo, plus proche de la réalité.

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Votre PDG dit que Valeo n’a pas peur de Google. Qu’en est-il d’Apple, dont on dit qu’il développerait une voiture autonome ?

C’est pareil. Apple et Google sont des marques qui font rêver. Elles font le marketing pour l’industrie automobile, en communiquant sur le véhicule autonome. Mais, à la fin, c’est nous qui serons les fournisseurs.

Retrouvez ici la vidéo sur Youtube.