Le blog du Congrès ITS de Bordeaux avait rencontré la semaine dernière Seval Oz, Président de la division ITS de Continental. Cette ancienne de Google, qui faisait partie de l’équipe de développement des voitures sans chauffeur, a rejoint l’équipementier allemand et pilote depuis la Silicon Valley une branche qui consiste à faire le lien avec le cloud et les objets connectés.
Par rapport à votre ancien poste, qu’est-ce qui change au niveau de l’organisation quand on rejoint une firme automobile ?
Il faut du courage pour concrétiser ses idées. Je pense que Continental a réalisé qu’il avait besoin de développer plus vite des innovations pour garder l’avance technologique requise et maintenir son rang. En conséquence, le défi pour moi est d’arriver à intégrer mes idées et de faire évoluer cette société.
Pourquoi est-ce si important d’être au cœur de la Silicon Valley ?
C’est un état d’esprit. C’est un environnement unique qui favorise la créativité, le développement des technologies et leur financement, le tout à une vitesse incroyable. On peut parler d’un vortex, qui concentre des grandes écoles comme Stanford, Berkeley et toutes les universités de Californie, mais aussi des sociétés de capital-risque qui sont prêtes à prendre des risques. Cet environnement peut être répliqué, et c’est d’ailleurs le cas en ce moment en Chine – d’où l’émergence de nouveaux champions comme Alibaba et Baidu – ou encore en Inde et à Singapour. Néanmoins, je pense que la Silicon Valley reste assez unique, car elle attire beaucoup d’entrepreneurs. Cette diversité est un accélérateur d’innovations.
Vous êtes en poste depuis un an et vous avez profité du dernier Congrès ITS de Bordeaux pour présenter vos premières réalisations. Pouvez-vous nous les présenter ?
Elles sont au nombre de deux. La première est ce que j’appelle la base de données sur la route, qui préfigure les futures mises à jour de cartes… sans avoir besoin de se reposer sur des cartes. Il s’agit en fait d’une création de cartes dynamiques, à partir des caractéristiques de la route telles qu’elles sont perçues et analysées par les capteurs du véhicule. Ce sont des données précises et réactualisées en permanence. Le fait que la voiture sache exactement où elle se trouve va nous aider pour le futur. Imaginez tout simplement que le véhicule soit capable de créer des cartes au fur et à mesure qu’il se déplace (« Maps as you go »). C’est un plus pour la sécurité, car il devient possible d’interagir avec l’environnement en cas de danger.
Et la seconde innovation ?
Ce que nous appelons « Holistic Connectivity » fait le lien avec le monde de l’électronique grand public. L’idée est d’avoir une continuité de service dans le véhicule, aux alentours et en dehors, ainsi que des applications de contrôle à distance. C’est aussi une façon de s’ouvrir à de nouvelles évolutions, comme l’économie du partage avec le covoiturage dynamique. Les réseaux sans fil sont la clé de ce futur. Il faut également développer une place de marché, de façon à permettre à l’utilisateur d’accéder à ces applications. Continental est dans une position assez unique, car il connaît parfaitement l’écosystème lié au véhicule. Je pense que si nous avançons assez vite, la société serait en mesure de proposer des services, pas seulement pour les constructeurs automobiles, mais aussi pour les gestionnaires de flottes, les loueurs. C’est même un moyen de conquérir de nouveaux marchés, y compris ceux qui n’existent pas encore.