Philippe Sajhau (IBM France) : « La France n’est pas ridicule dans les smart cities »

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Le blog du Congrès ITS de Bordeaux donne aujourd’hui la parole à Philippe Sajhau, Vice-Président Smarter Cities chez IBM France et Président du comités des villes au sein du Syntec Numérique.

IBM sera présent au Congrès en octobre prochain. Que représente pour vous l’univers du transport intelligent ?

Notre société a développé depuis 5 ans une vision sur les smart cities et il est évident que le transport est une composante majeure. C’est un secteur que nous pouvons aider grâce au traitement des données. Nous pouvons accompagner les villes et les opérateurs pour qu’ils puissent relever les défis de la transformation numérique et saisir des opportunités qui n’ont pas été forcément identifiées. L’informatique permet d’optimiser l’ensemble du réseau de transport.

Pouvez-vous donner des exemples concrets ?

IBM a travaillé sur les péages intelligents à Stockholm, sur des centres de gestion de trafic à Dublin, Singapour, ou encore à Sao Paulo où nous avons unifié dans un centre unique quelque 19 sous-traitants pour délivrer un service plus performant et qui suggère des itinéraires. En France, nous avons participé au projet Optimod’ à Lyon, qui a permis d’enrichir les données sur le trafic par de l’agrégation de données en temps réel provenant d’autres sources que les boucles de comptage, y compris des réseaux sociaux. Nous avons aidé par exemple les transporteurs, qui peuvent plus difficilement se rabattre sur d’autres modes, à optimiser leurs tournées par de la prédiction de trafic sur les axes qu’ils empruntent. Nous avons à Montpellier un projet qui concerne un calculateur d’itinéraires multimodal, capable de délivrer des données en temps réel mais aussi de la prédiction de trafic sur tous les modes. Et cela concerne aussi les places de parking.

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Vous organisez une conférence* à Bordeaux, pendant le Congrès Mondial sur les ITS. Qu’en attendez-vous ?

Nous avons la conviction que le traitement des données peut faciliter le passage d’un mode de transport à l’autre. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’IBM a un partenariat avec Transdev. Sous la forme d’une table ronde, en présence d’experts et de représentants des villes, nous évoquerons l’apport du multimodal pour l’usager. Le Grand Paris, qui va se traduire par le déploiement de gares, est l’occasion de réfléchir justement à la multimodalité physique et digitale. Notre présence permet aussi de montrer que nous avons des solutions pour aider les opérateurs quand ils font face à un glissement dans la chaîne de valeur, en raison de la présence de nouveaux entrants.

Que voulez-vous dire par là ?

Face à Uber et Google, qui sont plus agiles, il faut savoir évoluer. On a vu par exemple des compagnies de taxi adopter des applications de géolocalisation et proposer des services, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas sans cette nouvelle forme de concurrence. Ce que nous voulons, c’est que l’expert du transport puisse garder sa place, mais en l’accompagnant dans le numérique.

La France est-elle dans le coup dans le domaine des smart cities ?

Il y a eu beaucoup d’expérimentations et la France n’est pas ridicule. Mais ce qu’il faut, maintenant, c’est passer à l’opérationnel. Les villes ne doivent pas se contenter de faire de l’open data. Il faut donner de la valeur à ces données, que ce soit pour la collectivité qui contribue à fluidifier le trafic et gagne ainsi en attractivité, le citoyen qui va adopter de nouveaux usages, ou un tiers qui va les utiliser et développer un modèle économique. Il n’y a pas de modèle déposé en matière de smart cities. Chaque ville est différente et il faut savoir s’adapter.

*le 6 octobre : Utilisation des « Big Data » en matière de mobilité intelligente : état de l’art et innovations

 

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